Ikigai: donner du sens en trouvant son équilibre. Maj le 08/07/2022 par Raphaële GRANGER. Le bien-être au travail est un puissant levier de motivation et de succès, tant pour l'équipe, l'entreprise, que pour soi-même. Donnez davantage de sens à votre travail en alignant ce que vous faites avec votre personnalité profonde et vos talents

Jeu du lienOutils offerts par ScholaVie est une association loi 1901 spécialisée dans le développement des compétences socio-émotionnelles CSE, née pour lutter contre l’échec scolaire et oeuvrer pour le bien-être des jeunes et de ceux qui les accompagnent.Un jeu pour apprendre à se connaître entre jeunes. À faire entre deux activités, deux cours à l’école ! Le jeu du lien de l’Association Scholavie TéléchargerAutour de mes forces Outil offert par Autour des forces de l’Association Scholavie niveau secondaire_TéléchargerLes petits super héros de l’Association Scholavie niveau primaire_Téléchargerdéfis de la confiance en soi Outil offert par Defis de la confiance en soi de l’Association Scholavie TéléchargerFinis la phrase Outil offert par 30 amorces de phrases pour apprendre à se connaître sans trop de pression! Finis la phrase de l’Association Scholavie Téléchargerla cocotte de la motivation Outil offert par La motivation est au cœur de tout apprentissage c’est une force qui nous met en action. Une personne motivée dispose en général d’une plus grande créativité, flexibilité cognitive, estime de soi et confiance en soi. Elle ressent aussi davantage d’émotions et de relations est de tendre vers une motivation intrinsèque, autodéterminée pour que celle-ci soit durable et procure du bien-être. C’est ce qui se passe quand la source de la motivation provient de l’apprenant lui-même, que l’action a du sens pour lui et qu’il l’accomplit spontanément avec entrain et implication. La cocotte de la motivation de l’Association Scholavie Téléchargerle questionnaire de Proust Outil offert par Parfait en continuité du questionnaire de questionnaire de proust de l’Association Scholavie TéléchargerLe cartable des compétences psychosociales Outil offert par Ireps Pays de la Loire instance régionale d’éducation et de promotion à la santé Choisissez une compétence et découvrez les fiches d’activités associées …Avoir conscience de soi Les fiches activités Je m’appelle et j’aime [.PDF – Ko] L’alphabet humain [.PDF – Ko] Le blason [.PDF – Ko] Je suis [.PDF – Ko] Trouve quelqu’un qui identité [.PDF – Ko] Je te connais mieux [.PDF – Ko] La fleur des besoins [.PDF – Ko] Se lève qui [.PDF – Ko] Le domino humain [.PDF – Ko] A la recherche de nos qualités [.PDF – Mo] Qualités en scène [.PDF – Mo] Mes qualités – mes compétences [.PDF – Ko] A la recherche de nos points communs [.PDF – Mo] La fleur des qualités [.PDF – Ko] Une réalisation personnelle [.PDF – Ko]Savoir gérer ses émotions Les fiches activités Les émotions en mime [.PDF – Ko] Le ton de la voix [.PDF – Ko] Les émotions en tableau [.PDF – Mo] Je me sens… quand… [.PDF – Ko] La roue des émotions [.PDF – Mo] Le méli-mélo des émotions [.PDF – Ko] Laissons le corps parler [.PDF – Ko] Le tunnel des émotions [.PDF – Ko] La journée de Margot [.PDF – Ko]Savoir communiquer efficacement Les fiches activités Une histoire de grillon [.PDF – Ko] Trouve quelqu’un qui communication [.PDF – Ko] Les mots voyageurs [.PDF – Ko] Et si on se parlait autrement ! 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L’accent est mis sur les besoins et les règles de vie, sur la connaissance mutuelle afin de développer la confiance dans le groupe. Le parcours Identité »cliquez iciCe parcours est centré sur la connaissance de soi à travers la notion d’identité. Il a été réalisé dans des classes de 6ème lors de séances qui duraient 90’.Il a été remanié ici en trois séances de 55’. Le parcours Qualités [1] »cliquez iciCe parcours se réalise en 3 séances. La première séance introduit la notion de qualité en la resituant comme une composante de l’identité, distincte de la notion de compétence et de celle de goût. Les deux séances suivantes approfondissent le thème des qualités Le parcours Qualités [2] »cliquez iciCe parcours se réalise en 2 ou 3 nécessite d’avoir travaillé précédemment sur le thème des qualités et compétences, au moins pour comprendre le sens des termes. Le parcours Le des émotions »cliquez iciLe parcours des émotions » se réalise en 3 séances et s’appuie particulièrement sur des mimes. Il permet d’entrer dans la complexité de ce thème en apprenant à nommer les émotions principales, les reconnaître et les distinguer des situations qui les déclenchent. Le parcours Influences »cliquez iciCe parcours est centré sur la compétence pensée critique » travaillé sous l’angle des influences. Il s’appuie sur un travail réalisé en classe de 5ème durant une 2ème année de programme. Initialement organisé en séances de 90’, il a été ramené à 5 séances de 55’. Le parcours Pressions »cliquez iciCe mini parcours comprend deux prendra place dans un groupe déjà bien constitué. Sa mise en œuvre sera favorisée par un travail préalable sur les influences ou la communication. Le parcours Les aides et les obstacles à la communication »cliquez iciCe parcours se réalise en 3 permet aux participants d’identifier les facteurs qui nuisent ou qui favorisent une communication efficace mais également d’expérimenter de nouveaux comportements. Parcours Le message-je dans le conflit »cliquez iciCe parcours de 3 séances permet d’initier les participants au message-je » un moyen de communiquer pour réguler les conflits de façon nécessite d’avoir conduit au préalable des parcours tels que Faisons connaissance », le BA des émotions » et les aides et les obstacles à la communication ». Parcours Conflit »cliquez iciCe parcours de 4 séances permet d’aborder les notions de gestion et de régulation non-violente des nécessite d’avoir travaillé, au préalable, a minima, sur les compétences Avoir conscience de soi », Savoir gérer ses émotions » et d’avoir posé un cadre le catalogue 2014 des outils de prévention en compétences psychosociales proposé par l’IREPS Pays de La Loire Catalogue outils compétences psychosociales de l’IREPS Pays de la Loire TéléchargerJeu de carte des valeurs personnelles Outil offert par Association francophone de diffusion de l’entretien motivationnel Ce jeu de carte permet de présenter au groupe son échelle de valeurs personnelles, et d’exprimer ses besoins sous de cartes des valeurs personnelles de l’AFDEM téléchargerJeu de carte valeurs ajoutées Outil offert par Un outil d’accueil, d’ouverture, de présentation, de projection, de réflexion, d’identification, de partage, de sensibilisation aux valeurs. Choisissez ou faites choisir une valeur à vivre dans votre journée. Les dessins d’illustrations sont réalisés par des enfants , petit texte sur la carte au bas de la ma part j’utilise ce jeu en version papier avec son livret , auprès d’adolescents et jeunes adultes autistes pour travailler les habiletés sociales. Téléchargez l’ensemble des cartes du jeu Valeurs Ajoutées en PDF, par inscription de votre mail sur la boutique Soulgames. NB la gratuité était valable en aout 2021 à l’écriture de mon article mais peut avoir changé depuis! TECHNIQUES D’IMPACT Outils offerts par La maison barricadéePour aider l’adolescent à percevoir le double message d’ouverture et de fermeture qu’il peut adresser aux autres. La maison barricadée de TéléchargerLa petite fille au spaghettisPour aider l’enfant à développer la philosophie de prendre des petites bouchées dans les tâches qu’il entreprend ou dans les habiletés qu’il doit développer. En décomposant les objectifs visés en sous-étapes, chaque pas devient plus facile, le but à atteindre semble plus accessible etl’enfant s’y engage avec davantage d’ petite fille aux spaghettis de TéléchargerCour d’écolePour aider l’enfant à exprimer avec plus de précision comment il se perçoit, afin d’affiner sa conscience de lui-même ou de l’aider à démêler certaines émotions confuses qu’il necomprend pas. Plusieurs enfants ont de la difficulté à se décrire parce qu’ils n’ont pas les mots pour le faire ; la technique projective permet d’accéder au monde intérieur de l’enfant qui, ense reconnaissant dans des situations ou des comportements donnés, peut partir d’une image concrète à laquelle il s’identifie ou s’oppose pour mieux se d’école de TéléchargerRetrouvez d’autres outils gratuits sur academieimpact pratique gratitudes enfants Outil offert par psychologie positive du site Télécharger Laréflexion et l’action peuvent être envisagées comme deux façons complémentaires de percevoir ce que vous êtes. L’une est mentale, l’autre est physique. Mais il manque deux autres dimensions pour compléter votre IDéfinir le devoir ALa notion de devoir ll faut distinguer la notion, morale, de devoir, de celle, juridique, d'obligation, les deux s'opposant à la simple contrainte contrainte physique par la maladie par exemple, ou contrainte sociale exercée par la police ou le juge. Etre contraint, c'est ne pas avoir le choix de faire une action la contrainte s'impose à la volonté de l'extérieur. À l'inverse, dans l'obligation, l'accomplissement de l'acte est libre il relève de la volonté de l'individu. Un sujet peut donc décider de ne pas se soumettre à une pourquoi le droit distingue des obligations parfaites » c'est-à-dire assorties de contraintes, de sanctions un homme doit payer ses impôts, sinon il est puni par la loi et imparfaites » non garanties par la loi, ou prescrites une dette peut s'éteindre si elle n'est pas réclamée.Par analogie, Kant appelle devoir imparfait » le devoir qui est seulement moral veiller au bonheur des autres et devoir parfait » le devoir qui est seulement juridique payer ses dettes déclarées. Juridiquement, nos devoirs sont le corrélat du droit des autres. Moralement, ils nous obligent » mentir est interdit » en morale comme en droit, mais, dans le cas du droit, ne pas faire de fausses promesses » sera garanti par la signature d'un contrat », d'où l'expression obligation parfaite ». BLa diversité des sources du devoir IIRespecter le devoir moral AL'usage de la raison Pour Kant, il suffit à l'homme de faire usage de sa raison pour connaître ce qu'il doit n'a donc pas besoin de se référer à une instance extérieure à lui il ne reçoit pas les règles morales de quelqu'un d' propose une morale qui repose entièrement sur la raison, que chaque homme possède. Le devoir moral est à chercher à l'intérieur de soi. Or, puisque chaque homme peut trouver en lui ce qu'il doit faire, le devoir n'est pas relatif il ne varie pas selon les individus et leurs préférences. Il est parle de morale déontologique pour désigner cette vision du devoir moral fondé sur la raison. Kant rejette les morales de l'autorité et valorise l'autonomie de l'homme, le fait de se donner sa propre loi grâce à sa raison. Déontologie Le mot "déontologie" vient des termes grecs déon, "le devoir", et logos, "le discours". La déontologie est donc le discours sur le devoir. Au sens courant, la déontologie désigne les règles morales qui régissent une profession médecins, lorsqu'ils commencent à exercer, prêtent le serment d'Hippocrate, c'est-à-dire qu'ils s'engagent à respecter un certain nombre de règles dans l'exercice de leur morales d'autorité que Kant rejette dans sa définition du devoir moral correspondent aux morales dans lesquelles l'individu trouve la règle de son action à l'extérieur de lui-même dans les commandements divins, les règles sociales, ou bien encore dans la nature. Pour Kant, c'est bien la raison et uniquement elle qui permet de respecter le devoir moral. Morales d'autorité Les morales d'autorité correspondent aux morales dans lesquelles l'individu trouve la règle de son action à l'extérieur de lui-même dans les commandements divins ou les règles s'adressent toutefois, comme la morale du devoir, à l'individu rationnel et ne tirent pas leur principe de la nature corps ou sentiment. Par contre, l'individu n'y est pas, au sens de Kant, autonome, puisqu'il ne décide pas par lui-même avec sa seule raison, mais qu'une autorité extérieure décide pour lui BLe devoir moral comme impératif chez Kant 1Agir avec bonne volonté Puisque l'individu doit trouver en lui la règle de son action, le caractère moral d'une action dépend entièrement de la volonté de l'individu d'agir moralement. Pour Kant, ce n'est donc pas l'action qui est morale, mais l'intention c'est elle qu'il faut évaluer pour savoir si une personne a agi souligne néanmoins que l'intention qui définit l'action accomplie réellement par devoir doit s'accompagner, pour être morale, de tous les moyens dont nous disposons pour l'accomplir Par exemple, si deux personnes accomplissent la même action, seule l'intention qui a présidé à la réalisation de l'action permet de déterminer s'il s'agit d'une action bonne. Ainsi, si deux personnes font un don, l'une par charité, l'autre pour soigner sa réputation, alors seule la première a réalisé une action ne sont donc ni les conséquences ni les effets de l'action qui comptent. Kant souligne qu'il faut interroger la volonté pour savoir si une action est qui fait que la bonne volonté est telle, ce n'est pas son aptitude à atteindre tel ou tel but proposé, c'est seulement le de la métaphysique des mœurs, Grundlegung zur Metaphysik der Sitten, trad. Victor Delbos, Paris, éd. Le Livre de Poche 1993Kant souligne ici qu'il faut interroger la volonté pour savoir si une action est morale. Ainsi, pour être moralement bonne, l'action doit être réalisée par devoir. Elle s'oppose alors à l'action réalisée conformément au devoir, c'est-à-dire qui n'aurait que l'apparence du pour qu'une action soit bonne moralement, c'est-à-dire pour qu'elle soit faite par devoir, il faut que la raison nous dicte cette action et non la sensibilité ou les désirs. C'est en cherchant en lui-même, à l'aide de sa raison, que l'homme parvient à formuler ce que Kant appelle des impératifs. 2L'impératif hypothétique et l'impératif catégorique de Kant Tous les impératifs produits par la raison ne sont pas moraux la raison guide aussi l'action dans un but intéressé. C'est notamment le cas de ce que Kant appelle les impératifs hypothétiques. Impératif hypothétique Un impératif hypothétique est un impératif qui ne vaut que sous la condition d'une certaine hypothèse, et prend la forme suivante "si l'on veut telle [hypothèse], alors il faut tel [impératif]".Par exemple, "si on veut couper du bois, il faut utiliser une scie" est un impératif hypothétique. Les impératifs hypothétiques sont fondés sur la raison ils commandent de choisir le moyen le plus rationnel, le plus adapté, pour parvenir à ses fins. Le critère d'évaluation est un critère pragmatique de réussite et d'efficacité on évalue les moyens, et non la fin souligne que ces impératifs ne peuvent constituer le fondement du devoir moral Soit ces impératifs n'ont absolument rien à voir avec la morale. Ainsi, "si l'on veut couper du bois, il faut utiliser une scie". Soit ils peuvent viser la réalisation d'une finalité immorale. Soit ils réduisent l'action apparemment morale à une action faite par pur intérêt ou par crainte. Par exemple, "si je veux avoir des clients qui reviennent, il faut que je sois honnête" ou "si je ne veux pas me faire punir, il faut que je respecte la loi". Pour Kant, la morale ne réside pas dans les impératifs hypothétiques, mais dans les impératifs de Kant permet de distinguer entre les impératifs purement techniques exemple de la scie qui sont indifférents à la moralité un empoisonneur obéit également à des règles techniques choix et dosage du poison, etc.. et ceux qu'il appelle à proprement parler pragmatiques. Dans l'impératif pragmatique, la fin visée est le bonheur, non la moralité. Cependant, comme nous ne savons pas définir les moyens pour obtenir le bonheur, la quête du bonheur n'est pas une quête "technique". Impératif catégorique Un impératif catégorique est un impératif qui commande sans aucune condition il faut faire quelque chose, non pas pour telle ou telle raison, mais parce que c'est un devoir. Ces impératifs sont universels ils valent pour tout homme et doivent être plus forts que les désirs des comment savoir si l'intention qui préside l'action est morale ? À cette question, Kant répond que toute action prétendant à la moralité doit épouser la forme de la loi morale. Autrement dit, l'action est morale lorsqu'elle s'accorde à la loi morale. C'est de cet accord qu'elle tient son caractère penser la loi morale, Kant procède par analogie avec la nature. Dans la nature, une loi physique, comme celle de la chute des corps, doit valoir pour tous les phénomènes identiques. De la même façon, les raisons qui motivent une action morale doivent pouvoir être généralisées et exprimées sous la forme d'une loi universelle. Le critère nécessaire et suffisant pour juger la moralité d'une action est la possibilité d'universaliser la maxime qui la commande. 3Les trois formulations de l'impératif catégorique Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne une loi de la métaphysique des mœurs, Grundlegung zur Metaphysik der Sitten, trad. Victor Delbos, Paris, éd. Le Livre de Poche 1993Cette première formulation de l'impératif catégorique indique comment la raison peut découvrir par elle-même les normes morales qu'elle doit savoir si une action est morale, il faut se demander si l'on peut vouloir que chaque homme fasse cette même action. Il s'agit donc d'un test d'universalisation d'une prend l'exemple du mensonge. Est-il possible d'imaginer un monde où chacun ment et où chacun sait que tout le monde ment ? Non, car le mensonge n'est possible que si les autres croient que ce qui est raconté est vrai. Dans un monde où le mensonge est devenu la règle, une telle confiance en la parole d'autrui ne peut plus exister, ce qui rend impossible le mensonge lui-même. Kant insiste donc sur l'universalité du devoir, qui prend la forme d'une loi. Celle-ci ne peut être qu'universelle car toute exception détruit la propose une deuxième formulation de la loi morale. Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un de la métaphysique des mœurs, Grundlegung zur Metaphysik der Sitten, trad. Victor Delbos, Paris, éd. Le Livre de Poche 1993 On ne peut pas utiliser les personnes humaines comme de simples moyens en vue d'une fin à atteindre les êtres humains sont des sujets. Kant nomme cela la dignité de chaque personne on ne peut réduire la personne au statut d'une chose disponible et échangeable. La dignité de la personne repose sur son autonomie, c'est-à-dire sur sa capacité à poser par elle-même ses propres fins c'est ce qui fait que l'individu est considéré comme une "fin en soi". En effet, l'être capable de définir des fins des buts est lui-même le seul digne d'être aussi une fin par lui-même, aussi bien pour soi que pour les autres. Il faut respecter l'autonomie de chaque individu, qui est fondée sur la raison que possède toute personne. La morale se fonde ainsi sur la raison, non pas parce qu'elle repose sur une raison pragmatique qui procéderait à un calcul, mais parce que la morale est fondée sur le respect de la raison elle-même en chaque Kant propose une troisième formulation de la loi morale. Agis comme si la volonté de tout être raisonnable était d'établir une législation morale de la métaphysique des mœurs, Grundlegung zur Metaphysik der Sitten, trad. Victor Delbos, Paris, éd. Le Livre de Poche 1993 Explication quand un sujet se soumet à la loi morale, il se soumet aux lois qu'il trouve en lui-même 1° formulation il est autonome et se perçoit comme fin en soi, au même titre que les autres 2° formulation. Il attribue donc nécessairement une volonté semblable à la sienne, orientée par l'autonomie, la dignité morale et le respect réciproque des personnes. C'est ce que Kant appelle le règne des fins ». Je ne peux imaginer l'autre que comme un être qui est lui-même moral, me respecte à ce titre et concourt avec moi à une même fin. 3° formulationIci, Kant insiste sur le fait que la loi morale est intérieure à l'individu. L'individu se sent généralement contraint de l'extérieur à une législation morale. Or, Kant montre ici qu'en réalité, l'individu est le législateur se soumettre à la loi morale, c'est se soumettre à une loi dont l'individu est l' un sujet se soumet à la loi morale, il se soumet aux lois qu'il trouve en lui-même et qu'il pourrait exiger de tous les individus - de là le caractère universel de la loi morale. Les impératifs de Kant CLa critique de la morale kantienne 1L'importance du résultat dans le respect du devoir moral Certains penseurs estiment que le raisonnement de Kant est trop abstrait et que le résultat doit primer sur la pensée lorsque l'homme effet, la nécessité d'universaliser la maxime de l'action comme Kant l'analyse tend à placer la question éthique au niveau de la généralité, voire de l'abstraction. Il est possible de se demander de quelle façon des principes généraux peuvent permettre de trancher des dilemmes moraux bien concrets n'a-t-on pas davantage besoin d'une éthique concrète, attentive aux particularités des situations singulières dans lesquelles l'homme doit agir ?C'est en raison de cette attention portée uniquement sur la forme de l'action morale, et non sur ses résultats, que Hegel critique fortement la morale kantienne. En effet, en soutenant que le devoir doit être accompli pour lui-même, il semblerait que l'on néglige l'importance du pour Hegel, la moralité d'une action ne doit pas seulement reposer sur l'intention qui l'a commandée, mais exige une évaluation de ses résultats objectifs. Il s'agit donc pour Hegel de pointer l'inefficacité de ce qu'il nomme "la belle âme" la bonne conscience qui, refusant de s'engager dans le monde, se renferme sur son intériorité. 2Les autres raisons de respecter le devoir moral D'autres penseurs soulignent que la raison ne suffit pas pour respecter le devoir énonce que l'action morale ne doit avoir comme origine que l'impulsion du devoir. Or, est-il possible de penser un être humain qui se déterminerait à agir par ce seul motif ? À cela, il est possible d'opposer le rôle du sentiment ou du désir dans le passage à l' philosophe anglais John Stuart Mill souligne ainsi qu'il existe une multitude de facteurs qui peuvent nous pousser à agir moralement. Cependant, pour lui, ce n'est pas l'intention qui détermine la moralité de l'action, mais ses conséquences. L'Utilitarisme, Utilitarianism, trad. Georges Tanesse, Paris, éd. Flammarion, coll. "Champs Classiques" 2008Mill souligne que ce qui pousse l'individu à agir, ce n'est pas le sentiment pur du devoir, mais une foule de facteurs, que les utilitaristes se proposent de rassembler sous le terme d' est donc possible de dire que si la raison nous permet de savoir quelle est l'action à accomplir, ce qui nous pousse à agir relève davantage de la sphère du désir et des sentiments. IIILe devoir moral permet la liberté et le bonheur AAgir selon le devoir moral permet de lutter contre la banalité du mal Tout d'abord, il est possible de dire que le devoir moral permet de lutter contre la banalité du malLa "banalité du mal" est une expression utilisée pour la première fois par la philosophe Hannah Arendt, après sa participation au procès d'Adolf Eichmann, un responsable nazi jugé en avril 1961 à Jérusalem. Arendt présente une nouvelle approche du mal, qui choque à l'époque et continue encore de faire "banalité du mal" est un concept philosophique qui pose la possibilité de l'inhumain en chaque homme. Arendt remet donc en cause l'idée du bien et du mal. Surtout, elle stipule que le système totalitaire est nocif et pousse certains hommes à commettre des actes horribles. Mais ces actes ne sont pas perçus comme criminels par les coupables, qui ne savent pas ou ne peuvent pas sentir qu'ils font le mal. Ainsi, Arendt explique que le système totalitaire a réussi à tuer "l'animal politique" en l'homme. Le sujet n'est pas la source même du mal, il est le lieu où se manifeste le mal. Primo Levi souligne bien que les nazis ne sont pas des monstres, mais des hommes, dans Si c'est un homme, publié en 1947 "Ils étaient faits de la même étoffe que nous, c'étaient des êtres humains moyens, moyennement intelligents, d'une méchanceté moyenne sauf exception, ce n'étaient pas des monstres, ils avaient notre visage."Arendt ne dit pas que la banalité du mal dédouane le criminel, contrairement à ce que certains de ses détracteurs ont dit. De même, elle ne dit pas que tous les hommes sont capables de faire le mal, elle souligne plutôt qu'il y a en chaque homme la possibilité du mal. Respecter le devoir moral, c'est lutter contre cette banalité du mal qui est en chacun, et donc éviter des horreurs. Cela permet donc de vivre dans un monde plus juste. BLe devoir libère des déterminismes Si le devoir doit s'imposer à l'individu sous la forme d'un impératif catégorique, la morale ne constitue cependant pas une contrainte qui priverait l'individu de sa liberté. Il faut considérer le devoir moral comme une obligation intérieure et non comme une contrainte extérieure l'individu reste autonome lorsqu'il accomplit son devoir moral car il ne fait que suivre ce que sa propre raison lui indique. La source du devoir moral est en l'individu lui-même et non dans une autorité Kant oppose l'hétéronomie à l'autonomie Lorsqu'il recherche hors de lui la norme de son action, on dit de l'individu qu'il est hétéronome il se soumet alors à une législation qui lui est extérieure. À l'inverse, l'autonomie consiste à se donner à soi-même sa propre loi. Pour Kant, l'autonomie ne signifie pas que chaque individu possède une morale qu'il choisit en fonction de ses désirs et de ses préférences. L'homme est un être de raison il doit donc aller à l'encontre de sa sensibilité, se libérer de ses pulsions et désirs premiers, pour agir moralement, c'est-à-dire en conformité avec ce que sa raison lui enseigne. La volonté est donc autonome lorsqu'elle refuse de se laisser entraîner par les désirs ou les lois ce qui fait que le devoir moral est libérateur il permet au sujet d'échapper aux déterminismes auxquels il est généralement soumis. Le devoir permet à l'activité volontaire de se soustraire à l'emprise de la sensibilité et de se soumettre à une loi qui ne lui est plus étrangère, et qui n'est donc pas acceptée passivement. Agir moralement est donc bien exercer une forme de liberté. CLe devoir moral mène au bonheur 1Le devoir doit viser le bonheur Généralement, bonheur et devoir semblent s'opposer, le devoir devant être réalisé en dépit de toute considération du bonheur de celui qui l'accomplit. Mais n'est-il pas possible de faire du bonheur le but de la morale ?C'est ce que propose la philosophie utilitariste selon elle, il faut évaluer la moralité d'une action en fonction de ses conséquences sur le bien-être général. En effet, l'utilitarisme prescrit de toujours accomplir l'acte le plus utile pour le plus grand nombre c'est le principe d'utilité. L'acte utile est donc celui qui produit le plus de satisfaction possible, pour le plus grand nombre de personnes philosophie utilitariste, notamment incarnée par le philosophe anglais Jeremy Bentham, refuse donc de concevoir qu'il existe un bien en soi. Le critère pour évaluer la moralité d'une action est alors clair si un acte produit de la satisfaction sans causer de tort à personne, alors il est moralement morale, qui met l'accent sur les conséquences des actes dans la perspective du bonheur le plus grand possible, permet d'introduire une réelle prise en compte des circonstances particulières dans lesquelles l'homme doit agir. Elle permet, d'autre part, de proposer un critère clair et efficace pour trancher certains problèmes moraux. 2Agir moralement est source de bonheur Dans la mesure où le bonheur semble être une aspiration universelle parmi les hommes, la morale ne doit-elle pas rendre l'homme heureux ?Pour Aristote, le bonheur constitue le "Souverain Bien", c'est-à-dire la fin dernière de toutes les actions humaines. En effet, selon lui, chaque activité poursuit un but la santé pour la médecine, la victoire pour la stratégie, etc. Aristote se demande donc s'il n'existe pas une chose qui soit la fin dernière de tous nos actes, qui ne soit pas "désirable en vue d'une autre chose" mais uniquement en elle-même. La seule fin de ce genre est le bonheur même l'honneur, le plaisir ou l'intelligence sont des fins en vue du bonheur. Le bonheur est donc la fin suprême de toutes nos actions. Le bonheur est quelque chose de parfait et qui se suffit à soi-même, et il est la fin de nos à Nicomaque, trad. Jules Tricot, Paris, éd. Vrin, coll. "Bibliothèque des Textes philosophiques" 1990 1re éd. 1959 Puisque la spécificité de l'homme, son essence, est d'être rationnel, c'est-à-dire doué de raison, alors pour réaliser l'excellence qui lui est propre, il doit tâcher de vivre une vie selon la raison. La sagesse, c'est-à-dire être vertueux, est ce qui peut rendre l'homme Aristote, la morale ne doit pas seulement viser le bonheur c'est vivre selon la raison, c'est-à-dire être vertueux, qui conduit l'homme au bonheur. L’enfer des liens perpétuels qu’on a soi-même créé[s] », selon les termes de la sociologue Laurence Allard. Le projet « La maison et le monde » propose aux participants de prendre de la distance face à cette injonction pour étudier leur propre relation à ces outils, leur regard sur leur monde et faire émerger ainsi leur singularité. “Ne rougis pas de ce qui vient de l’opinion, de même, ne te soustrais pas à ce qui vient de la vérité.” Epictète, Sentences, XIV 6 Nous sommes souvent confrontés, d’une manière ou d’une autre, au jugement de l’autre, que celui-ci soit juste ou non. A partir de cette sentence d’Epictète, on peut voir se dessiner une attitude ambivalente vis-à-vis des jugements que l’autre porte sur nous. D’où cette question, à laquelle j’aimerais répondre ici d’un point de vue stoïcien que faire du jugement que les autres portent sur nous? Comment réagir face aux critiques et face aux louanges? Et quel impact le jugement de l’autre peut-il avoir sur nous? Le philosophe face au jugement de l’autre L’ataraxie est le but premier de la philosophie stoïcienne, le bonheur stoïcien étant défini, précisément, par l’absence de trouble. Or, les jugements que les autres portent sur moi sont une source constante de troubles. Que ce soit au travail, ou à la maison, en privé comme en public, un certain nombre de décisions et de propos sont susceptibles, au quotidien, de susciter la louange ou la critique de celles et ceux qui m’entourent. Si la louange ne pose généralement pas de problème particulier au contraire!, la critique est parfois difficile à avaler, en particulier lorsqu’elle n’est pas justifiée, mais aussi lorsqu’elle l’est. Il y a donc un travail nécessaire à effectuer sur le jugement que les autres portent sur moi, afin de ne plus être troublé, et d’appréhender ce jugement de l’autre de manière rationnelle, ce que proposent les stoïciens, et en particulier Epictète. Tout d’abord, il est important de comprendre, pour Epictète, que le jugement de l’autre fait partie des choses qui ne dépendent pas de moi “Parmi les choses qui existent, les unes dépendent de nous, les autres ne dépendent pas de nous. Dépendent de nous jugement de valeur, impulsion à agir, désir, aversion, en un mot tout ce qui est notre affaire à nous. Ne dépendent pas de nous, le corps, nos possessions, les opinions que les autres ont de nous, les magistratures, en un mot, tout ce qui n’est pas notre affaire à nous.” Arrien, Manuel d’Epictète, 1,1 Le jugement que les autres portent sur nous étant quelque chose qui ne dépend pas de nous, il est nécessaire de s’en détacher, pour rester libre et non esclave, comme le rappellent ces deux citations du Manuel “Le maître de chaque homme, c’est celui qui a pouvoir sur les choses que cet homme veut, ou bien ne veut pas, soit pour les lui procurer soit pour les lui enlever. Quiconque veut être libre ne doit ni vouloir ni refuser quoi que ce soit des choses qui dépendent des autres. Sinon, il est nécessaire qu’il soit esclave.” Arrien, Manuel d’Epictète, 14, 2 “Si quelqu’un livrait ton corps au premier venu, tu serais indigné; mais, que tu livres ta disposition intérieure au premier venu, en sorte que, s’il t’injurie, celle-ci soit plongée dans le trouble et la confusion, tu n’éprouves pas de honte à cause de cela?” Arrien, Manuel d’Epictète, 28 Parce que le jugement de l’autre ne dépend pas de nous, et parce qu’il est important, pour les stoïciens, de préserver notre liberté intérieure, il ne faut pas rechercher la louange des autres, ni leur approbation, car car cela nous rendrait esclave de leur jugement, jugement que l’on ne peut pas contrôler. Ce qui compte, dès lors, pour le philosophe stoïcien, ce n’est pas le paraître, mais ce qu’il est vraiment. Mène-t-il une vie vertueuse? C’est de son choix de vie que le philosophe doit se soucier, et non du regard de l’autre sur lui “Si un jour il t’arrive de te tourner vers l’extérieur, en voulant plaire à quelqu’un, sache que tu as abandonné la règle de vie que tu as choisie. Contente-toi donc en toute circonstance d’être philosophe, mais si tu veux en outre le paraître, c’est à toi qu’il faut le paraître et cela suffit.” Arrien, Manuel d’Epictète, 23 “Garde-toi de l’ostentation ou de la vantardise. Révèle la mission qui t’a été confiée par Zeus, par tes actes, et, même si personne ne le remarque, qu’il te suffise d’être toi-même en bonne santé morale et heureux.” Epictète, Entretiens, III, 24, 118 “Un homme de bien n’agit jamais pour paraître, mais pour avoir bien agi.” Epictète, Entretiens, III, 24, 50 “De même que le soleil n’attend pas les prières et les incantations pour poindre à l’horizon, mais brille immédiatement et est salué par tous, toi non plus n’attends pas d’être acclamé, applaudi et loué pour bien agir, mais rends volontairement service et, comme lui, tu seras aimé.” Epictète, Sentences, LXXVII 67 “Si tu veux qu’on parle bien de toi, apprends à bien parler. Et l’ayant fait, cherche à bien agir, et ainsi tu bénéficieras du fait que l’on parle bien de toi.” Epictète, Sentences, XV 7 Ces différentes citations confirment la position d’Epictète le philosophe doit se concentrer sur son action, tâcher de bien agir, et non chercher à plaire. Seule cette attitude lui permettra d’échapper aux troubles suscités par le jugement d’autrui. Le philosophe face aux critiques injustifiées Il semble, néanmoins, à bien lire la sentence d’Epictète citée au début de ce billet, que l’attitude du philosophe ne sera pas la même selon la véracité du jugement porté sur lui. Tel jugement vient de l’opinion, et n’est pas justifiée? Il ne faut pas en tenir compte. Tel jugement est vrai? Il ne faut pas l’éviter, mais le prendre en compte et agir en conséquence. Ce n’est pas la personne qui juge mais la nature du jugement de l’ordre de l’opinion, ou, au contraire, de l’ordre de la vérité qui détermine la manière de réagir du philosophe. Qu’en est-il face aux critiques, pour commencer? Face aux critiques injustifiées, le philosophe stoïcien doit apprendre dans un premier temps à supporter la critique et le regard négatif de l’autre sur lui, comme le confirment ces deux passages du Manuel d’Epictète “Si tu veux progresser, supporte de paraître un insensé et un sot, pour ce qui est des choses extérieures.” Arrien, Manuel d’Epictète, 13 “Si tu désires être philosophe, prépare-toi tout de suite à ce que l’on rie de toi, à ce que la foule se moque de toi, à ce que l’on dise “Le voilà qui nous est revenu subitement philosophe!” “D’où nous a-t-il ramené ce sourcil arrogant?”” Arrien, Manuel d’Epictète, 22 De même, l’homme politique, lorsqu’il agit de manière juste, ne doit pas tenir compte de la clameur de la foule, comme le rappelle Epictète dans les deux sentences suivantes “Comme l’oie ne craint pas les cris stridents ni le mouton les bêlements, ne t’effraye pas de la lame d’une foule insensée.” Epictète, Sentences, LXXII 64 “De même que la foule ne doit pas t’embarrasser quand elle te demande confusément ce qui t’appartient en propre, tu ne dois pas être troublé face à une multitude qui t’embarrasse injustement.” Epictète, Sentences, LXXIII 65 L’indifférence, on le voit, est donc la réaction appropriée, selon Epictète, face aux critiques de l’insensé, de celui qui, en se contentant de juger le paraître, ne voit pas le bien vers lequel le philosophe dirige son choix de vie. Pour aider le progressant à ne pas être troublé par les critiques injustifiées des autres, Epictète rappelle la distinction entre la chose et le jugement qu’il porte sur cette chose. En l’occurrence, ce qui trouble le philosophe progressant, ce ne sont pas les jugements que les autres portent sur lui, mais le jugement qu’il porte sur ce jugement de l’autre “Souviens-toi que ce qui t’outrage, ce n’est ni celui qui t’injurie ni celui qui te frappe, mais ton jugement qui te fait penser que ces gens t’outragent. Donc quand quelqu’un t’irrite, sache que c’est ton jugement de valeur qui t’irrite.” Arrien, Manuel d’Epictète, 20 Aucune émotion négative ne doit donc venir troubler le philosophe qui se trouve confronté aux critiques, dès lors que son action est juste et que le jugement porté sur lui est erroné. Surtout, la critique de l’autre ne doit pas l’empêcher de bien faire, ce sur quoi insiste Epictète à plusieurs reprises dans le Manuel, reconnaissant ainsi les difficultés du progressant face à la critique récurrente à son égard, et la tentation de ne pas montrer ce qui pourrait attiser la critique de l’autre “Quand tu fais quelque action après avoir pris la décision de la faire, ne cherche pas à éviter d’être vu en train de la faire, même si la foule devait en juger autrement.” Arrien, Manuel d’Epictète, 35 Le philosophe face aux critiques justifiées Nous avons vu quelle devait être la réaction du philosophe face aux critiques injustifiées, ce sur quoi insiste particulièrement Epictète dans ses différents textes. Mais qu’en est-il du jugement correct de l’autre sur moi? Comment doit réagir le philosophe? Faut-il, comme on pourrait le penser dans un premier temps, rester indifférent, puisque l’opinion de l’autre ne dépend pas de moi? Ou bien faut-il, au contraire, profiter de cette critique pour essayer de s’améliorer, mieux se connaître soi-même, prendre conscience de ses défauts et y remédier? “Si quelqu’un t’annonce qu’un tel a dit du mal de toi, ne réfute pas ce que l’on a dit, mais réponds “C’est certainement qu’il ignorait les autres vices qui sont en moi, car autrement il n’aurait pas parlé uniquement de ceux-là.”” Arrien, Manuel d’Epictète, 33,9 Ici, Epictète suggère non seulement de ne pas être troublé par les critiques des autres, mais de ne pas les réfuter, soit parce qu’elles sont vraies, soit parce qu’elles sont même en-deça de la vérité. Le travail sur soi que doit faire le philosophe stoïcien face au jugement correct de l’autre n’est pas précisé ici, et comme je viens de le rappeler, Epictète se concentre davantage sur les critiques injustifiées qui visent le philosophe. La citation de départ, néanmoins, suggère très fortement l’attitude du philosophe face aux jugements négatifs justifiés “Ne rougis pas de ce qui vient de l’opinion, de même, ne te soustrais pas à ce qui vient de la vérité.” Epictète, Sentences, XIV 6 Jusepe de Ribera, Le philosophe au miroir 1652 Si aucune honte, aucun trouble ne doit résulter d’une simple opinion, comme on l’a vu, le philosophe ne doit pas par contre se soustraire à la critique lorsque celle-ci est justifiée. Plus encore, le philosophe doit saisir cette opportunité pour mieux prendre conscience de ses vices, de ce qu’il doit réformer en lui pour devenir meilleur. Si la critique est juste, si le jugement de l’autre sur moi est vrai, je dois l’accepter, ne pas fuir ce jugement, et remettre en question mon attitude, faisant ainsi le lien entre jugement de l’autre et jugement de soi. Ce que confirme Marc Aurèle dans les Pensées Si l’on peut me convaincre et me montrer que je juge ou que j’agis à tort, je serai content de changer; car je cherche la vérité, qui ne peut être un dommage pour personne; or celui qui persiste dans son erreur ou son ignorance subit un dommage.» Marc-Aurèle, Pensées, VI, 21 Du jugement de l’autre au jugement de soi Le jugement de l’autre, lorsqu’il est justifié, doit donc conduire le philosophe à un exercice d’introspection. Du jugement de l’autre au jugement de soi, il n’y a qu’un pas, qu’Epictète n’hésite pas à franchir, en particulier lorsqu’il déconseille au philosophe progressant de juger l’autre “Ne prononce pas de sentence dans un autre tribunal que le tien, avant de t’être justement évalué.” Epictète, Sentences, LVIII 50 Avant de juger qui que ce soit, il faut d’abord et avant tout se juger soi-même, et déterminer ainsi ce qui, dans notre vie, doit être réformé ou non. Devenir son propre juge voilà ce à quoi Epictète nous invite ici. Il s’agit de passer du jugement de l’autre au jugement de soi, de se questionner soi-même, de prendre le temps de se regarder en face et de se poser la question qui suis-je? Quelles sont mes qualités, mes défauts? Et comment puis-je changer? Socrate à droite et Alcibiade à gauche, détail de l’Ecole d’Athènes, de Raphaël Le jugement de soi par soi, s’il n’est pas une tâche aisée, pourrait paraître le meilleur moyen de se connaître soi-même, et le jugement de l’autre, en ce sens, n’être que le point de départ d’un jugement de soi plus approfondi. Mais il n’est pas aisé de se juger soi-même en vérité, et le jugement de l’autre pourrait bien, chez les stoïciens comme dans la majorité des écoles philosophiques de l’Antiquité, être un élément essentiel, un passage obligé de la connaissance de soi. C’est pourquoi la figure du maître, ou du directeur de conscience, est si importante, à l’image de Socrate guidant Alcibiade. Le progressant, pour Epictète, a besoin du jugement du maître, de la même manière que Lucilius a besoin des lettres de Sénèque et de son jugement sur lui pour progresser dans le mode de vie philosophique. Le jugement que l’autre, en tant que maître, porte sur moi a donc un rôle important dans mon progrès spirituel vers une vie meilleure, comme le rappelle ce fragment des Entretiens ” Quand Agrippinus était gouverneur, il tentait de persuader ceux qu’il avait condamnés qu’il fallait qu’ils le soient. “Car”, disait-il, ” ce n’est pas comme un ennemi ni comme un brigand que je rends mon jugement contre eux, mais comme un curateur et un protecteur, de même que le médecin réconforte le patient qu’il opère et le persuade de se livrer de lui-même à l’opération”.” Epictète, Fragments, XXII On voit bien ici, avec la métaphore médicale, que le jugement de l’autre peut avoir une fonction thérapeutique, et aider le philosophe progressant à se connaître lui-même, connaître ses vices ou ses défauts, et se corriger lui-même. L’autre, dans ce cadre, peut avoir un rôle crucial dans la transformation de soi que demandent l’activité philosophique et la conversion au mode de vie philosophique. Le jugement de l’autre, loin d’y rester indifférent, le progressant doit donc en tenir compte dès lors que celui-ci est vrai. Qu’il vienne du maître ou de la foule, le jugement de l’autre peut et doit être l’occasion, pour le progressant, de prendre conscience de ses vices et de se réformer. Crédits photographiques J’accuse, par Lachlan Hardy, Licence CC BY; Jusepe de Ribera, Le philosophe au miroir 1652 ; Le Louvre-Lens, par OliBac, Licence CC BY. Citer ce billet Maël Goarzin, "Jugement de l’autre et jugement de soi le philosophe face aux critiques Epictète – Septembre 2015". Publié sur Comment vivre au quotidien? le 3 décembre 2015. Consulté le 17 août 2022. Lien .. CHAPITRE II : THEORIE SUR LE SUIVI, EVALUATION DES ACTIVITES DANS UNE INSTITUTION SECTION 1 : PRESENTATION DE SUIVI, EVALUATION DES RESULTATS I.1 Présentation de
Kant et la morale de la loi un formalisme éthiqueTable des Matières1 Kant et la morale de la loi un formalisme éthique2 Kant et la bonne volonté La pureté des intentions 3 Kant et les impératifs 4 Les formules de l'impératif catégorique La morale de Kant se lit principalement dans deux ouvrages majeurs – La Métaphysique des Mœurs – La Critique de la raison pratique Kant cherche, après la critique de la raison pure, à fonder une science a priori de la conduite et de la morale, répondant ainsi à la question Que dois-je faire ? Kant et la bonne volonté La pureté des intentions Kant part du concept de “bonne volonté”. Pour le philosophe allemand, l'intelligence, le courage, etc. ne sont pas des choses absolument bonnes ; leur valeur dépend de l'usage qu'on en fait. Il en est de même du bonheur il n'est pas un bien en soi, puisqu'il peut être source de corruption celui qui n'est pas animé de bonne volonté. Qu'est-ce qu'une bonne volonté ? Ce n'est pas une volonté qui atteint ses objectifs, c'est une volonté dont les intentions sont pures. Qu'est-ce qu'un volonté pure ? Une volonté qui obéit au concept du devoir. Ainsi, la bonne volonté c'est agir par devoir. [adad-5] Kant distingue agir conformément au devoir et agir par devoir. Ainsi, le commerçant qui sert loyalement ses clients agit conformément au devoir, mais ses motivations sont celles de l'intérêt, et non du devoir. Ce type d'action se range dans celui de la légalité, et non de la moralité. La moralité désigne une action faite en voulant accomplir son devoir “Une action accomplie par devoir tire sa valeur morale non pas du but qui doit être atteint par elle, mais de la maxime d'après laquelle elle est décidée” Le formalisme de Kant en morale renvoie à l'idée qu'il suffise qu'on applique une règle pour être moral. Cette règle est celle de l'universalité puis-je universaliser la maxime de mon action ? Ainsi, si je me demande si le mensonge est moral, ma question est mentir peut-il être érigé en valeur universelle ? La réponse est bien sûr non, car la vérité perdrait toute valeur, et alors il deviendrait inutile de mentir. Kant et les impératifs Kant veut remonter à l'origine a priori hors de l'expérience du fondement de la morale, car il se peut qu'aucun être n'ait jamais agi par devoir dans le monde. Empirisme et morale font très mauvais ménage, l'une ne pouvant fonder la seconde. Les impératifs hypothétiques Les impératifs hypothétiques représentent une action comme nécessaire pour parvenir à une certaine fin. Leur principe est qui veut la fin veut les moyens. Par exemple les impératifs de l'habilité, qui prescrivent les moyens utiles pour obtenir un résultat, sont hypothétiques. Comme ceux de la prudence. Ces impératifs donnent des règles. Les impératifs catégoriques Pour Kant, les impératifs catégoriques se distinguent en ce qu'ils posent une action comme nécessaire et inconditionnelle, indépendamment de la fin à atteindre. Ces impératifs donnent des lois, quelque que soit l'inclination du sujet. Il n'y a donc qu'un seul impératif catégorique, et sa formule générale est celle-ci “Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle” Les formules de l'impératif catégorique 1/ “Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature” Par exemple, on ne peut vouloir se suicider et que cet acte devienne une loi de la nature car cela détruirait l'humanité. Le suicide est ainsi immoral. Or, qu'est-ce que l'immoralité ? C'est se considérer comme une exception, s'accorder des privilèges. Et même quand nous agissons contrairement au devoir, nous savons où est notre devoir. Nous ne respectons pas dans ce cas la loi morale, mais celle-ci reste pour nous respectable. 2/ “Le principe subjectif du désir est le mobile, le principe objectif du devoir est le motif” On désire des choses et on respecte des personnes, selon Kant. Ainsi, les choses ont une valeur pour nous, alors que les personnes ont une valeur absolue, non relative. Le sujet est une fin en soi “Agis de telle sorte que tu traites l'humanité […] toujours comme un fin et jamais simplement comme un moyen” Celui qui se suicide se traite comme un moyen, et non comme une fin en soi. 3/ Ces deux formules en crée une troisième, instituant l'homme comme l'auteur de la morale “La moralité est l'idée de la volonté de tout être raisonnable conçue comme volonté instituant une législation universelle” La volonté est en effet autonome, elle se donne à elle-même sa loi. Nous obéissons à la loi morale parce que nous nous donnons à nous-même cette loi. Résumons ainsi la morale Kant De la loi morale découle la dignité de la personne. Car se donnant à lui-même sa loi, l'homme a non seulement un prix, c'est-à-dire une valeur relative, mais une dignité, c'est-à-dire une valeur intrinsèque “L'autonomie est donc le principe de la dignité de la nature humaine et de toute nature raisonnable“.
Commentfaire le point avec soi-même et changer sa vie ? Ces 25 questions éveilleront peut-être en vous une réflexion Ces 25 questions éveilleront peut-être en vous une réflexion Maladies
Le 19 juin 2010, Ars Industrialis tenait une séance publique au théâtre de la Colline sur le thème des techniques de soi. Intervenaient Robin Renucci, Marc Valleur, Julien Gauthier et moi introduction générale aux techniques de soi. Vous retrouverez ici l'enregistrement vidéo de cette séance Image empruntée à Chris Ware Sur le site d'Ars Industrialis, vous trouverez l'enregistrement audio de la deuxième séance de l'atelier des techniques de soi, que j'anime avec Julien Gauthier et Cécile Cabantous. Mon intervention portait sur deux points une introduction générale, reprise et améliorée dans la séance publique ultérieure au théâtre de la Colline, et une première version d'un travail sur la lecture comme technique de soi. Image empruntée à Chris Ware Le 13 décembre dernier, l'association Ars Industrialis s'essayait à une forme de réflexion collective nouvelle pour elle un atelier d'une demi - journée, sans véritable conférence, et faisant une place plus large aux débats. Une vingtaine de personnes participait à cette réunion. Le sujet retenu était " les techniques de soi ". Je reprends ici la courte introduction qui m'avait été demandée, en y intégrant quelques notes. Elle comprend peu d'éléments originaux. Il s'agissait en quelque sorte de donner un témoignage sur ce qu'un membre de l'association comprenait et retenait de cette notion, quelle place elle pouvait prendre dans son propre travail, et quelles perspectives elle lui semblait dessiner du point de vue des objectifs communs. CULTURE DE SOI , TECHNIQUES DE SOI UNE NOTE D'INTRODUCTION J'examinerai la position de la question ; son vocabulaire ; à titre d'exemple, ce que ce thème m'a apporté à propos de la lecture; et, pour ouvrir la discussion, ce que peut signifier la culture de soi pour Ars Industrialis. Une bibliographie vous est proposée. Bernard Stiegler a ajouté le livre de Jacques Derrida que je n'ai pas lu. 1/ La position de la question Elle est résumée dans le livre de Bernard Stiegler "Prendre soin de la jeunesse et des générations" . Foucault, ayant entrepris, dans les années 1980, une histoire de la sexualité, avait interrompu la publication de ses recherches après le premier tome La Volonté de savoir . Il expliquait lui même que, si l'analyse des pratiques discursives et l'analyse des relations de pouvoir et de leurs technologies lui étaient familières, " en revanche, l'étude des modes selon lesquels les individus sont amenés à se reconnaître comme sujets sexuels me faisait beaucoup plus de difficultés ". Comment l'être humain avait-il constitué cette expérience historique à travers laquelle il s'était finalement pensé comme homme de désir ? Michel Foucault entreprenait alors un long détour par ce qu'il a appelé " l'herméneutique du sujet ", la relation entre subjectivité et vérité. Cette recherche était l'occasion de ce qu'il considérait comme un nouveau point de départ théorique le " souci de soi " " épiméléia seautou " ou " cura sui ". Foucault essaie ainsi de proposer une histoire de cette démarche du souci ou du soin de soi, de Platon aux stoïciens de la période hellénistique ; et, sur cette base, il construit une notion plus générale de " culture de soi ". Il rejoint ainsi la démarche théorique de Pierre Hadot qu'il reconnaît comme une de ses sources. Pierre Hadot a un point de départ différent c'est la critique d'une certaine manière traditionnelle de lire les philosophes grecs pour en dégager des idées ou des doctrines. Contre cette lecture, Hadot souligne que la philosophie critique est d'abord la conversion à une certaine forme de vie, un travail de soi sur soi à travers un ensemble d' " exercices spirituels " la philosophie elle même est un tel exercice. Entre Pierre Hadot et Michel Foucault, il existe de nombreuses différences, notamment mais pas seulement, sur le contenu de la notion de culture de soi et sur son histoire, sur lesquelles le premier s'est exprimé de manière explicite. Pour l'un comme pour l'autre, le souci de soi se constitue à travers des pratiques. Michel Foucault parle des " arts de soi-même " Ecriture de soi, p 1234, de la " pratique de soi " idem, p 1239, des " techniques de soi ", parmi lesquels " l'écriture de soi " ; Pierre Hadot parle d' " exercices spirituels " préparant à un " art de vivre ", un " style de vie ". Le soin repose sur l'exercice ; il consiste d'abord en une pratique. Parmi les différences, une est particulièrement significative pour nous c'est le rôle que Foucault attribue aux hypomnemata dans la mise en place des techniques de soi " Self technology " en anglais. 2/ Le Vocabulaire [ autour du souci de soi] Grec Mélétè1 soin ; 11 souci ; 12 sollicitude2 action de s'occuper de ; 21 pratique, exercices, ex pratique des fatigues, de la mort, chez les Spartiates ; 22 exercice de préparation oratoire ; 23 sujet d'étude, étude avec Mathèsis Epiméléia1 soin ; 2 surveillance, gouvernement, administration construit à partir de mélétè comme surveillance à partir de veille Epiméléia séauthouSoin, souci de soi Mélétao1 prendre soin ; 11 en général ; 12 en médecine2 s'occuper, exercer, pratiquer un art, en particulier l'art oratoire MélétèmaEtude, exercice pratique Epiméléomai1 avoir soin, s'occuper, veiller2 prendre soin d'une chose, gouverner, contrôler3 s'appliquer à, s'exercer MédéoPrendre soin de, protéger Thérapéia1 soin ; 11 soin religieux ; 12 soin pour les parents ; 13 soins attentifs, sollicitudes ; 14 soins quotidiens, traitements médicaux2 le train des serviteurs, la suite Askèsis1 exercice, pratique d'un art2 exercices gymniques, genre de vie des athlètes3 genre de vie, profession, part. en parlant des philosophes Phrontis1 souci, inquiétude2 manière de penser3 sujet de méditation4 pensée, réflexion, méditation. Latin Cura1 soin, gouvernement2 administration d'une chose publique3 travail, ouvrage de l'esprit4 souci, inquiétude5 souci amoureux Curo1 avoir soin, soigner, veiller2 s'occuper, faire le nécessaire3 administrer4 méd soigner, traiter, guérir5 payer, faire payer, régler Medeor1 soigner, traiter, remédier, guérir2 être bon pour un médicamentForme active medeo ; medicus médecin MeditorFréq. de medeor1 méditer, penser à, réfléchir2 préparer, méditer qque chose, avoir en vue3 travailler, étudier Meditatio1 réflexion, méditation2 préparation à la mort, apprentissage, préparation de discours3 pratique habituelle, habitude [autour de la culture] Chez les Grecs, paideuo et paideia veulent dire éduquer, enseigner et éducation, enseignement ; culture et civilisation ; instruction de l'esprit. Paideusis a un sens proche de paideia. Paideutès le maître ; paideuma l'élève, le savoir, l'école. Pour " enseigner " le grec a aussi didaskein, didaskalia et o didaskalos, le maître. Latin classique Cultus1 action de cultiver, de soigner2 action de cultiver ou d'honorer une chose culte des arts libéraux ; culte des dieux3 la manière dont on est cultivé, le genre de vie, l'état de culture ou de civilisation." Homines ad hunc humanum cultum civilemque deducere " Amener les hommes à cette culture civile et humaine. Cicéron, De recherche, luxe élégance Cultio1 action de cultiver2 vénération, culte Cultura1 action de cultiver2 agriculture3 sens figurés 31 culture de l'esprit, de l'âme. " Cultura animi philosophia est " La philosophie est la culture de l'esprit. Cicéron, action de cultiver quelqu'un, de lui faire sa cour33 action d'honorer, de vénérer, culte. En ce sens, comme Pierre Legendre le fait remarquer, il s'agit non pas de la religion officielle religio mais des petits cultes familiaux ancêtres, génie des lieux. Gaffiot et Bailly Dans un article très érudit Cultura Cicéron et l'origine de la métaphore latine , Antoinette Novara rappelle que les grecs classiques n'utilisent pas la métaphore de l'agri - culture pour la paideia. Philon d'Alexandrie - précisément un des classiques de la culture et des techniques de soi, auteur du traité De la vie contemplative sur la communauté des " Thérapeutes "- parlera de la " géorgique de l'esprit " " psuchès georgikè " ; mais Philon est postérieur à Cicéron et a probablement voulu traduire en grec l'invention latine. La métaphore originale est donc due à Cicéron. A. Novara remonte, en deçà de la célèbre citation des Tusculanes, au De finibus dans lequel Cicéron aurait " imaginé la fiction de l'auto-culture d'une vigne animée qui symbolise l'être humain ". Cette " auto-culture " qu'elle dégage du texte cicéronien est - on ne peut plus - proche de la " culture de soi ". Si cette interprétation était la bonne, il faudrait alors convenir que l'image fondatrice de la paideia comme culture coïncide précisément avec la conception de la culture comme culture de soi. 3/ Quelques enseignements personnels La liste classique des techniques de soi classique, c'est à dire identifiées à l'époque qu'étudient Foucault et Hadot comprend l'écriture comme écriture de soi, la lecture, la méditation, la déambulation marche concentrée, les retraites, régimes, entraînements. Parmi ces différents exercices, pratiques ou techniques de soi, figure donc, pour Michel Foucault comme pour Pierre Hadot, la lecture. Leurs références, jusqu'à un certain point, sont ici les mêmes Philon d'Alexandrie, Epictète, Sénèque. La lecture de Hadot, exercice intellectuel parmi les exercices spirituels, diffère cependant de la lecture, technique constitutive de la culture de soi, chez Foucault. Dans le premier cas, les exemples pratiques de lecture sont assez classiques lecture des sentences, explication de textes philosophiques, leçon professorale, jusqu'à l'éxégèse, littérale ou allégorique, elle même définie comme exercice spirituel. Foucault a développé sa théorie de l'écriture de soi en attribuant un rôle très important aux hypomnemata, et, sur cette base, il propose une vision tout à fait originale de la lecture. Cette théorie est présentée dans L'Ecriture de soi 1983 qui reprend les éléments du Cours au Collège de France 3 mars 1982, transcris dans L'herméneutique du sujet . Dans ces deux textes, Foucault commente la lettre 84 de Sénèque à Lucilius qu'il présente comme un véritable traité de la lecture. L'art de lire de Sénèque s'appuie sur les hypomnemata, des aide-mémoire, individuels ou collectifs, le plus souvent sous forme de tablettes. Sénèque conseille de recopier sur ces tablettes des extraits des textes lus, de les classer, et de bien les " digérer " afin de les faire passer " dans notre intelligence, non dans notre mémoire ". L'interprétation de Foucault est d'abord centrée sur le lien entre lecture et méditation. La fin de la lecture philosophique n'est pas de prendre connaissance de l'œuvre d'un auteur. Il s'agit essentiellement par la lecture de donner une occasion de méditation " la constitution pour soi d'un équipement de propositions vraies, qui soit effectivement à soi ". Foucault insiste ensuite sur le rôle de l'écriture. Il semble bien avoir pensé que le lien lecture/ méditation passait nécessairement par l'écriture de soi. Cette approche de la lecture comme technique de soi a grandement éclairé et contribué à réorienter les deux travaux sur la lecture que je menais parallèlement sur un maître de lecture du XIIème siècle, et sur la lecture numérique. En ce qui concerne Hugues de Saint Victor, le lien entre lecture et méditation, dont je voyais le rôle central dans le Didascalicon et d'autres textes s'éclairait de cette continuité mélétè/meditatio. Pour la lecture numérique, il apparaissait clairement que la lecture d'étude, celle dont je soutiens que le web ne la permet pas ou mal, doit être envisagée comme technique de soi, et plus généralement qu'elle participe de la culture de soi. La présentation faite à Ars industrialis, et le livre en préparation correspondent à cet éclairage nouveau, par exemple par rapport à l'étude remise en 2007 au ministère de la Culture. 4/ La Culture de Soi et Ars Industrialis Ars Industrialis s'approprie ces notions de technique de soi et de culture de soi. Je vais en donner trois exemples. Le premier est la conception des techniques de soi en tant que " technologies de l'esprit ", là où Michel Foucault part d'une coupure techniques de soi/ techniques du langage ou du pouvoir, bien qu'il accorde le plus d'importance à l'écriture, la lecture et la méditation. Ce point est évidemment crucial pour traiter tout ce qui relève des industries de l'information. Le deuxième est la théorie du " pharmakon ", de la technique comme poison et remède. La critique du pharmakon est inhérente à la technique de soi, comme le montre précisément le texte de Sénèque visé par Foucault. Au cours de la réunion, Sylvain Gauthier lira cet extrait où Sénèque critique les excès dans la lecture ou l'écriture. Pour le troisième point, je renvoie à la critique que Bernard Stiegler adresse à Michel Foucault sur l'école, à propos de la paideia qui est précisément le contexte historique des techniques de soi. Plus classiquement, on pourrait rappeler que la finalité de la cultura comme culture de soi est l'humanitas, ce qui ne s'intègre pas simplement dans les conceptions de Foucault. Pour Ars Industrialis, synthétiquement, la culture de soi et les techniques de soi, c'est, d'un point de vue négatif, ce que nous opposons à la confluence des industries culturelles, du marketing et des industries de l'information et, d'un point de vue positif, c'est au sens large une affaire de " design ", c'est à dire d'imagination, de conception et d'appropriation de ces techniques de soi. Evidemment, la liste de ces pratiques ou techniques de soi est différente de la liste classique qu'il faut " actualiser ". C'est un travail qu'Ars Industrialis devrait entamer. D'un certain point de vue, le noyau central semble bien être le même, d'où l'importance de la relation entre écriture/lecture/méditation. D'un autre point de vue, il paraît que toute technique ce pour quoi il faut une pensée générale de la technique peut être réorientée comme une technique de soi dès lors qu'elle est envisagée dans la perspective du souci de soi. L'art des jardins, au Japon, ou celui de la cuisine, en sont des exemples. Mais même l'observation ou le calcul, techniques apparemment caractéristiques de la connaissance objective, peuvent doivent être reprises dans cette perspective, dans un temps où l'expérience est industrialisée exemple des traders. Il y a certainement une question, que je ne fais que citer le rapport entre la culture de soi et la " doctrina ", c'est à dire entre la pratique et le contenu, sachant qu'en tout cas culture de soi n'est pas culture du " moi ". 5/ Eléments bibliographiques Platon, Alcibiade, Garnier Flammarion, 1999 deux autres éditions, Livre de poche et Belles lettres ; je ne sais pas quelle est la meilleure. Sénèque, Entretiens et Lettres à Lucilius , en particulier Lettre 84, édition Paul Veyne, Robert Laffont, Bouquins, 1993. Pierre Hadot, Exercices spirituels, Annuaire de la Vème section de l'EPHE, 1977, Un dialogue interrompu avec Michel Foucault, et Réflexion sur la notion de " culture de soi ", in Exercices spirituels et philosophie antique , éditions en 1987 et 1993 Institut d'études augustiniennes, dernière édition poche, Albin Michel, 2002 Pierre Hadot, Qu'est ce que la philosophie antique , en particulier chap 9, Gallimard, folio, 1995. Michel Foucault, L'herméneutique du sujet , présentation du cours au collège de France, 1982, repris dans " Dits et écrits ", Gallimard, 2001 Michel Foucault, L'herméneutique du sujet , transcription du cours au collège de France, en particulier cours du 6 janvier, du 3 février, et du 3 mars 1982, Gallimard, Le Seuil, 2001 Michel Foucault, Les techniques de soi, cours à l'université du Vermont, octobre 1982, publié dans " Technologies of the self ", 1988, repris dans " Dits et Ecrits II ", Gallimard, 2001 Michel Foucault, L'écriture de soi, in Corps écrit n° 5, 1983, repris dans " Dits et Ecrits II ", Gallimard, 2001 Michel Foucault, Usage des plaisirs et techniques de soiIn Le Débat, n°27, 1983, repris dans " Dits et Ecrits II ", Gallimard, 2001 ; préface à " L'usage des plaisirs ", Gallimard, 1984. Michel Foucault, La culture de soi, deuxième chapitre de " Le souci de soi ", Gallimard, 1984. Jacques Derrida, Apprendre à vivre enfin, Galilée. Bernard Stiegler, Prendre soin de la jeunesse et des générations , en particulier chap 7 à 9, Flammarion, 2008 L'article d'Antoinette Novara, Cultura Cicéron et la métaphore latine, a été publié par Alain Michel dans le numéro 1 -mars 1986- du Bulletin de l'Association Guillaume Budé.
Orle soi ne se constitue que dans le dialogue et dans l’action. Il existe d’abord dans un courage de faire entendre sa voix, ce qui veut dire, dans le fait de prononcer une parole
par Rachel Horton White Beaucoup d’entre nous traversent des hauts et des bas ces jours-ci. Nous expérimentons les joies d’être à l’extérieur et de s’imprégner des cadeaux de la Terre, et puis nous ressentons l’énergie lourde du collectif. Nous purgeons les ombres de la matrice 3D, en nous-mêmes et en tant que race humaine, au milieu d’une lumière massive qui nous éclaire. Il nous est demandé de continuer à ancrer la lumière, de faire preuve de patience, d’éliminer l’ego. Cette période est un moment puissant pour recevoir des activations de codes de lumière. Mais parfois, nous avons l’impression que cela ne fonctionne pas, ou que tous ces trucs spirituels sont un tas de bêtises qui ne fonctionnent pas. Puis, nous nous rappelons ce que nous ressentons. Nous ne saurons peut-être jamais ce qui est vraiment vrai ou ce qui est vraiment réel, mais nous le savons lorsque nous ressentons une résonance dans notre cœur. Ce qui compte, c’est ce que nous ressentons dans notre cœur. C’est un souvenir de notre âme, de nombreuses vies passées. Nous arrivons dans chaque vie, grâce à la loi divine de l’amnésie, sans aucun souvenir de notre mission, ni des leçons que nous nous sommes fixés d’apprendre dans cette vie. En fait, l’expérience de la vie, de chaque situation dans laquelle nous nous trouvons, est la façon dont nous découvrons la boîte aux trésors qui se trouve à l’intérieur. Malgré tout, dans un monde où il faut payer les factures, mettre de la nourriture sur la table et se loger, nous nous demandons si nous allons vraiment vers la Nouvelle Terre. Le monde 3D est toujours là pour nous enseigner, et nous nous déplaçons toujours entre les réalités. Nous ne sommes pas encore en 5D. Cela peut être déroutant et ces émotions mélangées peuvent conduire à la frustration et à l’irritabilité, même envers ceux avec qui nous sommes spirituellement alignés. Nous nous demandons ce qui est vraiment réel. Sommes-nous vraiment en train d’atteindre des états de conscience supérieure ou tout cela n’était-il qu’un mensonge ? Comment faisons-nous réellement cela ? Rappelez-vous qu’il existe de nombreuses illusions. Il est presque impossible de savoir ce qui est vrai ou réel en se basant sur ce que nous entendons dans les médias. Il existe un programme très astucieux pour nous tromper, alors prenez ce que vous entendez dans le courant dominant, même dans les théories de la conspiration », avec un grain de sel ! Je fonctionne selon la règle des 80-20… 80 % de vérité… 20 % de contre-vérité. Ou vice-versa. Faites confiance à ce qui vous semble juste et qui est basé sur l’amour, pas sur la peur. Si vous avez peur, même s’il y a une part de vérité dans ce que vous entendez, il n’est pas dans votre intérêt de vous concentrer sur cette information. Voici quelque chose qui peut vous aider à vous aligner sur le plan de votre futur moi le plus élevé Se détacher de ce que l’on recherche peut être difficile. Pourtant, c’est une partie importante de l’alchimie de la co-création. Après avoir co-créé la vision de votre futur Soi idéal, essayez de trouver un lieu de satisfaction pour votre vie actuelle. Si vous pouvez accepter votre vie telle qu’elle est actuellement et en éprouver de la gratitude, même si vous souhaitez un avenir différent, vous pouvez vivre dans une vibration élevée. Concentrez-vous sur la gratitude pour les bonnes choses déjà présentes dans votre vie. Soyez reconnaissant pour les petites choses comme un corps fort, un esprit sain et une maison chaleureuse. Restez dans l’état d’esprit suivant J’aimerais que cela se produise, mais si ce n’est pas le cas, je vais me concentrer sur les moments heureux de ma vie actuelle telle qu’elle est. » Un moyen facile de créer la vibration du recevoir » est d’écrire au moins trois choses pour lesquelles vous êtes reconnaissant chaque matin et chaque soir. Bien sûr, vous pouvez aussi simplement penser à ce dont vous êtes reconnaissant, mais lorsque nous écrivons des choses, notre esprit voit des mots sur le papier et commence à croire qu’ils sont réels. Avec la gratitude et les émotions à haute vibration, votre attention se portera, au fil du temps, sur ce qui est bon dans votre vie. Dans le processus d’action et d’ajustement de vos actions pour vous aligner sur le flux, votre niveau vibratoire peut devenir suffisamment élevé pour correspondre à celui de la vibration de votre Soi futur. Lorsque votre cœur s’ouvre à la gratitude, il s’ouvre également pour s’aligner sur votre vision. Avec votre intuition qui vous guide le long du chemin, votre vie commence à se dérouler devant vos yeux ! Une autre façon de co-créer notre Soi Futur est à travers la lentille de la guidance Divine. Lorsque nous demandons aux anges et aux guides de nous aider, ils répondent en nous envoyant des idées, des opportunités et des personnes. En attendant, remarquez ce qui semble se mettre sur votre chemin. Y a-t-il une pensée ou une idée qui vous revient sans cesse souvent par l’intermédiaire d’une autre personne ? Je crois que l’Esprit nous parle par trois. Si j’entends la même recommandation de livre, ou le nom de quelqu’un que je devrais rencontrer, à plusieurs endroits différents, alors je sais que mes guides divins essaient de s’adresser à moi. L’univers ne nous apporte pas toujours ce que nous cherchons de la manière dont nous l’attendons et dans le délai que nous souhaitons ! Les choses peuvent changer, en fonction du timing, du libre arbitre des autres et de l’évolution de nos propres désirs. Lorsque nous puisons dans l’énergie de la co-création et des lois divines, nous commençons à travailler avec des forces magiques. Cette magie consiste à permettre, plutôt qu’à forcer. Parfois, nous pensons que si nous essayons plus fort ou si nous travaillons plus, alors nous pourrons faire en sorte que cela fonctionne ce qui est une approche du cerveau gauche. En fait, c’est le contraire qui est vrai. Si nous permettons à la volonté divine d’agir comme elle le fait, nous pouvons apprendre à faire confiance au fait que notre commande dans le restaurant de l’univers est en train d’être préparé. Finalement, nous commençons à comprendre que les cadeaux divins qui nous entourent sont vraiment les nôtres pour en faire l’expérience et les générer en tant que co-créateurs. En éliminant les pensées négatives de l’ego dans notre esprit, nous apprenons à explorer, à expérimenter et à prendre des risques, notamment en allant vers les autres. Nous jetons nos filets au loin, pour voir ce que nous pouvons attraper, encore et encore. Puis, un jour, au moment où nous nous y attendons le moins, nous nous apercevons que nous sommes devenus notre futur moi. Nous faisons le travail, en nettoyant les schémas ancestraux et aussi ceux de nombreuses vies passées. Le monde que nous créons, en tant que montreurs de chemins, sera un âge d’or de pur amour. Ensemble, nous rassemblons les outils qui nous aideront à apprendre, et ensuite à enseigner aux autres, comment être dans cette réalité. Avec chaque action que nous entreprenons et avec l’intention d’être dans une vibration d’amour et de guérison, en éliminant nos vieilles ombres, beaucoup d’entre nous se déplacent déjà dans cette façon d’être. Continuez à faire confiance, à apporter de la lumière, à éliminer l’ego et à permettre au monde 5D de se déployer dans votre réalité personnelle. **Par Rachel Horton White English version Traduit et partagé par la Presse Galactique 20,265
\n action faite de soi meme sans reflexion
I La conscience de soi fait de l'homme une personne . Phrase 1 : Posséder le Je dans sa représentation : ce pouvoir élève l’homme infiniment au-dessus de tous les autres êtres vivants sur terre. Dans la première phrase du texte, Kant définit la conscience de soi. Elle est le pouvoir de "posséder le je dans sa représentation". Cela signifie que l'homme possède la

Il est bon de redire que l'homme ne se forme pas par l'expérience solitaire » Alain Penser c'est s'interroger sur le sens, la valeur et le fondement de nos affirmations. Par définition l'acte de penser est reprise critique des opinions, examen donc distanciation d'avec tout ce qui représente dans l'immédiat un risque d'aliénation pour l'esprit. Faire l'effort de penser ou conquérir la liberté de l'esprit c'est une seule et même chose. La question est de savoir si une pensée libre est une pensée solitaire. Le seul » de l'expression penser par soi seul » peut en effet connoter l'idée de fermeture à l'autre ; d'enfermement dans les frontières d'une particularité empirique. Si le sujet de la pensée est un ego coupé de toute forme de dialogue avec l'autre, s'il est soustrait à tout espace de délibération publique où s'affronte la pluralité des opinions humaines y a-t-il sens à concevoir ce sujet comme un sujet libre ? Et ce sujet ne s'abuse-t-il pas sur lui-même s'il croit être le sujet de sa pensée ? C'est d'ordinaire ce que les hommes prétendent. Ils imaginent qu'ils sont libres lorsqu'ils expriment leurs opinions et ils croient que celles-ci sont la manifestation d'une pensée personnelle. Or n'y a-il pas là une illusion ? En quoi la pensée solitaire est-elle une pensée aliénée, voire une absence de pensée ? Mais alors qu'est-ce que penser et pourquoi la pensée libre est-elle nécessairement dialogique ? Pour autant peut-on concevoir un acte de penser qui ne s'effectue pas dans la solitude d'une intériorité spirituelle ? Même quand j'examine avec l'autre ou que je déploie en public mon effort de penser n'est-ce pas moi-même et moi seul qui suis le sujet de ma pensée ? Si soi seul » signifie soi-même » penser ou penser librement n'est-ce pas nécessairement penser par soi-même ? méthode voyez comment l'introduction pose avec précision le problème en interrogeant l'énoncé. Le traitement dialectique de la question est annoncé dans les propositions en gras Une pensée solitaire est-elle une pensée libre Thèse Non c'est une pensée aliénée. Alors en quoi consiste la pensée ? Un processus dialogique antithèse une pensée libre est une pensée ouverte sur l'altérité. Dépassement la contradiction s'explique par une confusion penser par soi seul » n'est pas synonyme de penser par soi-même » 1 une pensée solitaire est une absence de pensée ou une pensée aliénée. Il y a plusieurs types de solitude et il ne faut pas confondre celle que l'on recherche pour différentes raisons et celle à laquelle certains sont condamnés parce qu'ils sont privés de tout contact humain. La première est volontaire, la seconde subie. Dans l'une on se retire momentanément du commerce avec les autres, dans l'autre ce mouvement de repli n'a aucun sens car elle est synonyme d'isolement. Ainsi, si la solitude choisie est toute bruissante de la présence des autres dont elle tire sa richesse et sa fécondité, l'autre correspond à un état déshumanisant, condamnant celui qui y est soumis au désert intérieur et à une forme de nuit. Les capacités mentales exigeant certaines conditions pour pouvoir s'exercer, il est urgent de comprendre qu'une pensée solitaire est une contradiction dans les termes. Elle équivaut à une absence de pensée. En effet La pensée implique le langage or le langage renvoie à la nature fondamentalement sociale de l'homme. Nous parlons à d'autres qui nous parlent. Sans la présence des autres qui nous apprennent à parler et au milieu desquels nous développons nos aptitudes humaines nous ne devenons pas un homme sur le plan mental. Privé des apprentissages linguistiques, des échanges humains l'enfant est condamné à l'hébétude intellectuelle. Ce qu'illustre l'exemple de Victor, l'enfant sauvage de l'Aveyron. La description qu'en fait le savant Itard souligne son inertie mentale. Il est bien ce que Rousseau avait analysé de manière purement spéculative un animal stupide et borné ». Victor ne pense pas davantage qu'il ne parle. L'illusion consiste à croire que la pensée préexiste au langage, qu'il y a une pensée intérieure, extérieure aux mots. En réalité on pense dans des mots parce qu'en dehors des signifiants qui les visent les signifiés n'ont aucune réalité pour nous. Or les mots sont une institution sociale. Mais apprendre une langue, être formé dans un milieu culturel, c'est apprendre une manière de penser le réel comme la société à laquelle j'appartiens le pense. Ainsi quand je crois penser tout seul ou quand je crois que ce que je pense spontanément est l'expression de ma pensée personnelle je témoigne seulement que je n'ai pas conscience d'être le produit de divers conditionnements sociaux. Je les ai si bien intériorisés qu'ils sont devenus des habitus » selon la formule de Bourdieu. Le sociologue appelle ainsi des dispositions de pensée ou d'action, héritées du milieu social mais si bien assimilées qu'elles sont vécues comme naturelles. Il s'ensuit que le soliloque d'une pensée spontanée est la caisse de résonance de ce que Platon appelle la caverne. > conclusion-transition Il n'y a pas de véritable pensée solitaire. Coupé de tout commerce avec les hommes, l'homme n'éclot pas comme sujet pensant. Il ne prend possession de ses aptitudes intellectuelles qu'au sein d'un milieu social. Mais ce milieu commence par le conditionner. Ses premières pensées sont donc des opinions et il n'y a pas de pensées personnelles en ce sens. D'une part parce qu' opiner n'est pas penser, d'autre part parce que le sujet d'une opinion n'est pas le sujet pensant c'est tout ce qui, à son insu, le détermine et l'aliène. Alors qu'est-ce que penser et pourquoi la présence des autres affleure- t elle toujours dès qu'il y a activité pensante ? 2 Une pensée libre est une pensée dialogique. Penser c'est examiner, interroger parce que quelque chose fait problème pour l'esprit. Or si le réel est en soi matière à étonnement, ce qui l'est encore plus c'est la multiplicité et la diversité des interprétations humaines d'une même réalité. L'esprit ne se sent pas chez lui dans un monde où l'on peut dire une chose et son contraire de quoi que ce soit. La contradiction est un scandale pour un esprit qui se respecte lui-même car un principe fondamental de la raison humaine est l'exigence de non contradiction. L'expérience de la contradiction est ainsi un puissant aiguillon de la pensée, ce qui la met en demeure de s'exercer. Mais seul peut contre-dire un autre sujet pensant. Il s'ensuit que c'est au milieu des autres, qu'on peut être en situation de s'éveiller à l'effort de penser. Le penseur n'est pas un solitaire, c'est un être en débat avec lui-même parce qu'il est en débat avec les autres, même si ceux-ci ne sont pas présents physiquement. La pensée ne peut pas être solitaire non plus au sens où elle a besoin de l'accord des esprits pour s'assurer d'elle-même. Qu'est-ce, en effet, qui nous sauve de l'arbitraire d'une mythologie personnelle, de la clôture de ce que Kant appelle une singularité logique » ? C'est l'accord des autres sujets pensants. Le seul caractère général de l'aliénation est la perte du sensus communis et l'apparition d'une singularité logique sensus privatus ; par exemple un homme voit en plein jour sur sa table une lumière qui brûle, alors qu'un autre à coté de lui ne la voit pas ; ou il entend une voix qu'aucun autre ne perçoit. Pour l'exactitude de nos jugements en général et par conséquent pour l'état de santé de notre entendement, c'est une pierre de touche subjectivement nécessaire que d'appuyer notre entendement sur celui d'autrui sans nous isoler avec le nôtre, et de ne pas faire servir nos représentations privées à un jugement en quelque sorte public » Anthropologie du point de vue pragmatique. Aliéné, dit Kant, celui qui prétend qu'on peut penser tout seul. Il faut frotter sa cervelle à celle d'autrui et se soucier de l'accord des esprits pour échapper à la folie. Le présocratique Héraclite disait de même Pour les éveillés il y a un monde un et commun. Mais parmi ceux qui dorment chacun s'en détourne vers le sien propre » Fragment 89 Le début du fragment 114 dit aussi Ceux qui parlent avec intelligence, il faut qu'ils s'appuient sur ce qui est commun à tous... » La pensée ne peut donc pas être solitaire parce qu'elle vise la vérité, or la vérité est reconnaissable par un autre sujet pensant ou elle n'est pas la vérité. Voila pourquoi toute prétention à l'universel exige selon la seconde maxime kantienne de penser en se mettant à la place de tout autre ». La pensée solitaire est une pensée étriquée, étroite ; c'est une caricature de pensée. La pensée est une pensée élargie ou elle n'est pas une pensée. >conclusion-transition Ces analyses pointent la dimension dialogique de la pensée. C'est pourquoi la dialectique est la démarche de la philosophie et la pensée le dialogue de l'âme avec elle-même » Platon Dans l'acte de pensée je ne suis ni un, ni seul, je suis plusieurs et je me fais à moi-même les objections que d'autres me feraient s'ils étaient présents. Je fais le détour par l'altérité parce que je cherche la vérité or la vérité n'est ni en moi ni en toi. Elle est notre bien commun. Quand nous voyons l'un et l'autre que ce que tu dis est vrai, quand nous voyons l'un et l'autre que ce que je dis est vrai, où le voyons-nous je te le demande ? Assurément ce n'est pas en toi que je le vois, ce n'est pas en moi que tu le vois. Nous le voyons l'un et l'autre dans l'immuable vérité qui est au-dessus de nos intelligences » écrit St Augustin. Les Confessions, XII, XXV, 35, Pléiade I, p. 1079. Le vrai dialogue est ainsi une relation à l'autre médiatisée par un tiers, ce tiers étant la transcendance du vrai. Il s'ensuit que la pensée libre n'est jamais la pensée solitaire, ignorante ou négatrice de l'altérité. C'est la pensée ouverte, s'effectuant dans l'horizon de l'universalité, l'universel étant ce qui dépassant la contradiction du moi et du toi permet de faire triompher le nous. Et pourtant si un "nous" peut advenir, cela ne peut jamais être autrement qu'à travers l'activité d'un moi. On ne peut penser que par soi-même et c'est parce que soi-même » ne doit pas être confondu avec soi seul » qu'il est possible de dépasser la contradiction qui faisait débat. 3 Penser c'est penser par soi-même et penser par soi-même c'est à la fois être seul et porter l'autre en soi. Nul ne peut penser à ma place l'intentionnalité pensante procède bien d'une intériorité personnelle. Il est même si vrai que la pensée est un acte solitaire qu'il faut souvent se recueillir dans son for intérieur pour penser vraiment. D'où la tendance des grands penseurs à faire retraite pour réfléchir sereinement. Montaigne se retire dans sa bibliothèque et Descartes s'isole en Hollande dans un poêle » pour écrire ses méditations. La solitude favorise l'attention et nous sauve de ce qui parasite souvent la rectitude de la pensée dans le dialogue avec l'autre le désir de plaire, la tentation de dominer ou de briller. Alain écrivait en ce sens L'homme pense en solitude et en silence devant les choses seulement. Dès que les hommes pensent en réunion, tout est médiocre. Pourquoi ? Parce que le souci de persuader et l'ardeur de contredire vont contre toutes les règles de l'investigation ». D'où le paradoxe la solitude est propice à la rigueur de la pensée puisqu'on ne pense jamais mieux que dans le retrait du commerce avec les autres pourtant cette même solitude serait le tombeau de la pensée si elle n'était pas irriguée par la présence des autres. C'est que le sujet d'un véritable acte de pensée est le sujet rationnel. Or la raison n'advient en chacun de nous que par de nombreuses médiations. Il y faut une solide formation intellectuelle, l'inscription dans un milieu social où la pluralité des opinions a droit de cité, une fréquentation de la pensée des grands maîtres, ceux sans lesquels il est difficile de nous approprier notre propre pouvoir de penser. On voit par là que les autres sont omniprésents dans le processus nous permettant de nous conquérir contre tout ce qui nous aliène. Il s'ensuit que le sujet qui déploie son mouvement dans la solitude d'un effort personnel n'est pas un ego coupé des autres. Il n'est lui-même qu'autant que grâce aux autres, il a découvert en lui la raison commune. Voilà pourquoi penser c'est bien penser par soi-même mais être soi- même c'est à la fois être seul et ouvert sur l'altérité. Conclusion générale La pensée libre est la pensée réfléchie et nul ne peut véritablement se mettre à distance de soi sans la médiation de l'autre. On ne commence pas par être le sujet de sa pensée on le devient. La pensée ne s'assure de la vérité que dans un effort personnel et dans la solitude d'un esprit en débat avec lui-même. Mais ce débat intérieur est la dramatisation du débat avec l'autre. Le sens grec du mot logos le dit éloquemment. Logos c'est à la fois la parole et la raison. Tant que notre parole n'est pas discours cad parole sensée, parole universellement communicable elle n'est pas encore parole véritablement humaine. Elle a l'arbitraire de ce qui renvoie au puéril ou au fanatisme. Elle n'est pas parole rationnelle et raisonnable. D'après Hegel, l'homme commence par une opinion personnelle, plus ou moins cohérente qu'il dénomme mythe. C'est le stade du monologue. L'idée de vérité n'est pas encore présente ou du moins explicitée. Mais les opinions bientôt se heurtent, le mythe en rencontre d'autres, les monologues s'opposent. Sous une forme ou sous une autre c'est le triomphe de la violence. Mais il arrive aussi qu'au lieu d'imposer leurs opinions par la force les hommes les confrontent, les discutent. C'est le passage du mythe à la science, du monologue au dialogue. La discussion fait la transition du barbare au philosophe, du pré homme à l'être proprement humain » Jean Lacroix Le sens du dialogue

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